PME-Grands Groupes
Un « Speed-Dating » pour aller plus loin si affinités…

Comment faire coopérer davantage PME/ETI et grands groupes pour un mutuel avantage ? La question est récurrente depuis des décennies… Initiatives et propositions ne manquent pas non plus, pour essayer de faire progresser les choses… Le projet de loi « PACTE » qui sera voté au printemps contient plusieurs propositions dans ce sens (1).

État des lieux :  d’un côté des grands groupes puissants, internationalisés, mais contraints par leur exposition boursière, et alourdis par un fonctionnement bureaucratique, en quête permanente d’innovation, de renouvellement, d’agilité… De l’autre, des PME, à capitaux essentiellement familiaux, inventives, réactives, mais freinées dans leurs ambitions par les limites de leurs moyens humains ou financiers, par leur manque de notoriété, ou tout simplement par la difficulté d’accéder aux centres de décisions stratégiques… Et qui ne veulent pas se satisfaire d’une relation inégale de fournisseur ou de sous-traitant à grand donneur d’ordre…

C’est ainsi qu’a été créée en 2010 l’association Pacte PME, à l’initiative d’Henri Lachmann (Schneider Electric), son premier président, afin de stimuler la coopération entre grands groupes et PME dans de nombreux domaines : achat, innovation ouverte, export, montée en compétences, etc.

« Speed-dating » géant

Pour sa part, l’Afep * qui rassemble les plus grands groupes français, a organisé en février 2018  le premier « grand tête-à-tête de patrons pour la croissance » : le « Top », sous les haut plafonds du péristyle du palais d’Iéna à Paris (siège du Conseil économique, social et environnemental) : le « Top ».

Ce « Speed-Dating » XXL a permis à quelque quatre cents dirigeants de PME/ETI, dont beaucoup sont venus de province, de rencontrer, en tête à tête, quarante patrons des plus grandes entreprises françaises, qui se sont prêtés à un dialogue « millimétré ».

 

Les dirigeants de grands groupes réunis par l’Afep au palais d’Iéna pour rencontrer 400 patrons de PME-ETI le 10 février 2018

Chaque entretien était, en effet, limité à 10 minutes afin de permettre un maximum de rencontres au cours de la matinée. Chacun des quatre cents chefs d’entreprise a pu ainsi dialoguer avec deux ou trois dirigeants de grand groupe. Les PME participantes avaient été repérées en amont par les deux réseaux bancaires partenaires de l’opération, BNP Paribas et Société générale.

Richesse entrepreneuriale et créativité des PME

Les « grands patrons » présents se sont dits impressionnés par la richesse entrepreneuriale, le dynamisme et la créativité des PME, un univers qui, pour certains, reste éloigné de leur agenda quotidien… Au delà de la différence de taille, « ce fut une rencontre de patron à patron très stimulante », a déclaré un représentant de l’Afep à l’issue de l’opération.

Lors des entretiens, beaucoup de questions concrètes ont été abordées, qu’il s’agisse d’exportation, d’investissement, d’innovation, de robotisation, de logistique, de digital ou de ressources humaines… Des sujets de préoccupations communs aux PME et grands groupes, mais auxquels chacun ne répond pas de la même façon.

Certains dirigeants de PME n’avaient pas comme priorité d’établir ou de renforcer un courant d’affaires avec tel ou tel grand groupe. Mais plutôt le besoin de « recueillir la vision stratégique d’un grand patron » dans leur secteur d’activité.

Tel Pascal Cantenot, le patron de La Panière, une enseigne familiale de boulangerie, viennoiserie et restauration boulangère d’Aix-Les-Bains (35 points de vente en Rhône-Alpes dont 8 franchises) : il voulait avant tout éclairer sa lanterne aux lumières d’un Alexandre Bompard (Carrefour), d’un Bruno Bich (groupe Bic) et d’un Philippe Houzé (Galeries Lafayette). Ce « Speed-Dating » représentait pour lui une occasion en or d’approcher des personnalités réputées inaccessibles. L’entreprise créée par son père Gérard en 1993, se développe de façon maîtrisée dans sa région (elle a quand même créé 420 emplois !) et Pascal Cantenot ne cache pas qu’il est régulièrement courtisé par des fonds d’investissement qui veulent entrer dans son capital…

Nicolas Gorgy le directeur général de Gorgy Timing, le champion de l’heure digitale, membre de l’association Pacte PME, est venu de Grenoble à l’invitation de Schneider Electric avec lequel il collabore au projet SCPTime. Soutenu par le programme des investissements d’avenir de Bpifrance, ce projet collaboratif, piloté par Gorgy Timing, bénéficie de 15 millions d’euros investis en R&D pendant 4 ans pour réaliser la distribution d’un temps « certifié et traçable avec une précision de la nanoseconde », correspondant aux exigences de l’ère numérique….

Gorgy Timing, entreprise familiale créée en 1974 par le père de Nicolas, Maurice Gorgy, maître horloger, et développée par sa mère, Monique, est un fleuron de l’industrie nationale, PMI à la fois locale et mondiale (avec des filiales en Espagne, Allemagne et Chine) puisqu’elle réalise 50% de son activité à l’export.

Outre un entretien avec Stéphane Boujnah, le PDG d’Euronext, Nicolas Gorgy a mis a profit ce « Speed-Dating » pour relancer un de ses clients emblématiques, Airbus, avec lequel il veut intensifier la coopération.

Au vu des premières réactions positives, les organisateurs de ce « Top » 2018 envisagent de réitérer l’opération. En attendant, on nous assure que les PME participantes bénéficieront d’un suivi ou d’un accompagnement par un référent désigné au sein des grands groupes dont elles ont rencontré le patron.

J.G.

(1) Notamment, faciliter l’accès des PME/TPE aux achats et appels d’offres des grands groupes ; encourager le portage et le parrainage de PME par des grands groupes pour conquérir des marchés à l’exportation ; favoriser la diffusion du prêt inter-entreprises entre donneurs d’ordre et sous-traitants…

* A propos de l’AFEP

L’ Association française des entreprises privées, Afep,  représente plus de 110 des plus grands groupes privés exerçant leurs activités en France (dont celles cotées au fameux « CAC 40 » de la Bourse de Paris). Les entreprises membres de l’Afep contribuent pour plus de 13 % au PIB français et emploient 2 millions de salariés directs (sur un total de quelque 16 millions).